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   Je pensais déjà être un allié auprès de mes amies et de mes sœurs (avoir déjà entamé ce qu’on appel une déconstruction) et je croyais avoir suffisamment de confiance et de paix en moi pour me permettre d’aider à organiser une résidence artistique en invitant uniquement des amies, des filles donc. Je vais tenter de résumer ici cette longue histoire mais je ne saurais inclure tous les nombreux détails et facteurs qui nous ont amené à en arriver là, car aussi cette narration et cette prise de conscience restent purement subjectives.

   Le problème a été de me positionner correctement au sein de cette organisation, voulant à la fois aider techniquement les artistes mais aussi proposer quelque chose d’artistique. Le cul entre deux chaises, je me croyais légitime de plus ou moins participer à cette résidence en proposant une « surprise » hors du cadre de l’expo. Maladroitement, j’ai pourtant pris une place immense et forcée au sein d’un contexte où, en étant la seule présence masculine, logiquement on attendait de l’espace, de la discrétion, de l’écoute, et de la bienveillance.

   En marge de cette résidence, donc, et au lieu d’aider les filles dans leur création comme c’était normalement prévu, j’ai préparé dans mon coin (et en secret) une  installation scénographique visant à accueillir une « performance » dans un lieu qui, la nuit, s’avère être glauquissime : une sorte de manoir abandonné.

   Pensant bien faire auprès de ces amies, je les ai convoqué, en insistant sur le côté   « surprise » et en annonçant la couleur avec un texte particulièrement maladroit et à connotations ambigües/sexisées. En omettant totalement leur rendus et temps de travail, elles se sont crues légèrement « forcées » à assister à ce « rendu ».

   Ma démarche, je le pensais, était bienveillante car elle était censée « faire plaisir » (comme un spectacle) mais elle n’a suivi qu’une seule envie : la mienne, celle d’assouvir mon ego artistique afin de démontrer que moi aussi je savais faire pleins de trucs. Mon ego m’aidant toujours plus, je suis allé au bout de ma démarche, alors même qu’en moi toute envie de faire cette performance était éteinte, je ne me suis pas « dégonflé » et, comme un bonhomme, je suis allé jusqu’au bout : j’ai réussi à recréer une situation immersive particulièrement désagréable d’insécurité et de

« mâle-être » chez les femmes présentes car elles ne pouvaient pas sortir de ce manoir (c'était compliqué sans repère) littéralement coincé par un mec qui ne prend pas en compte la situation dans laquelle il met ses amies car il n’a jamais été dans une situation où il s’est retrouvé en danger, dans une impasse face à un agresseur sexuel, par exemple.

    Il n’y avait rien à connotation sexuel dans la performance mais le texte que j’avais écris auparavant pouvait faire insinuer (dans la métaphore) beaucoup d’éléments malveillants et sexués. En résumé : cette performance est venue trigger des filles qui se sont déjà retrouvées dans une vraie situation d’agression. J’ai reproduit le même schéma sans m’en rendre compte et j’ai commis maladresses sur maladresses alors même que je voulais faire le « bien ». J’ai recréer une situation d’oppression tel (« le spectacle » d’ombres et lumières a dû durer 10-15mins) que j’ai réussie à remettre en cause la confiance et l’amitié de certaines de mes amies qui étaient censées me considérer avec confiance.

   La suite a été une longue descente aux enfers pour tous et pour toutes. Je ne saurais parler à la place de certaines mais pour ma part, j’ai commencé par me victimiser automatiquement dans mon coin, en proie à l’incompréhension puis, avec l’aide de plusieurs d’entre elles, j’ai reçu les clefs nécessaires pour écouter afin de finalement comprendre, petit à petit, pourquoi et comment j’en suis arrivé à créer une situation aussi malaisante voir « traumatisante » pour certaines.

 

    Ça ne se serait pas forcément passé de cette manière avec tous les hommes.

J’ai su remettre en cause la confiance de mes supposées amies parce que j’ai un profil de mec spécifique : mon oppression s’explique parce que je suis quelqu’un (jusqu’à encore récemment) qui a pendant longtemps joué de la séduction auprès des filles en enchaînant les histoires plus courtes que longues, avec très souvent le même schéma très masculiniste : peu de communication bienveillante et/ou de gestes attentionnés pendant la relation et surtout, priorité des désirs et des choix masculins.

    Je pense que pendant longtemps j’ai juste été quelqu’un porté sur la consommation des nouvelles rencontres, sans porter beaucoup d’attention aux attentes et aux fragilités des femmes que je fréquentais. J’ai répété ce schéma trop de fois pour ne pas en blesser certaines et finir par créer visiblement une présence incertaine en soirée ou ailleurs : en un mot, cela s’appelle de la prédation.

   J’ai mis du temps à le comprendre et à admettre que ce n’était pas un comportement okay vis à vis du respect d’autrui, tous genres confondus.

    Aujourd’hui je fais de mon mieux pour enlever ces automatismes en remballant ma fierté et une part de l’ego pour tenter au mieux de recréer une présence rassurante et safe autour de moi, mais le travail est long et assidu, la confiance perdue des ami.es est une chose précieuse qu’il est difficile à refaire valoir.

 

    Dorénavant je souhaite prendre la responsabilité de mes actes et de revoir mon éducation masculiniste aux racines. Beaucoup trop de choses aujourd’hui me dégoûtent et j’ai de plus en plus honte à être un mec, hetero et blanc. Les incessantes maladresses des hommes créent beaucoup trop de fatigue car le sexisme opère tous les jours et partout, et j’entends la colère qui en déduit : elle est réellement légitime.

Je suis pour la paix et la non violence, et pour aboutir à ça, il n’y a qu’une seule façon d’y parvenir, c’est par la compassion des autres et l’Amour d’autrui, tout simplement.

 

   J'ai encore tant de travail à fournir, j'en ai conscience mais je tiens ici à m’excuser sincèrement pour toutes les personnes que j’ai déçues et blessées (voir plus) et je tiens à préciser que je suis ouvert à toutes formes de dialogues, pour parler et surtout entendre, toujours plu, là où j’ai été bête et maladroit, aussi loin que je m’en souviennes.

 

   Merci à toutes celles et ceux qui m’ont accompagné, aidé et soutenu pendant cette période longue, pas évidente mais nécessaire malheureusement pour moi.

 

Restons bienveillants.

Restons ensemble.

 

Pour toute réaction et/ou déclaration, je suis disponible par mail pour en parler : antash@live.fr

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